Il lutte contre l'agriculture intensive nourrie aux pesticides. Paul François a cessé d'en manipuler depuis bientôt onze ans.
"J'ai cru à cette agriculture intensive. J'étais formaté, un pur produit du tout-chimique. Je considérais qu'on ne pouvait pas se passer de ces produits qui apportaient une solution à tout". Mais dès les années 1990 la monoculture et les produits phytosanitaires épuisent les sols.
"Il m'a fallu dix ans pour ramener de la vie dans le sol. Je sais combien il est difficile de sortir de ces méthodes-là. Il m'a fallu ce que j'ai vécu pour comprendre que tous ceux qui nous disaient : 'On ne peut pas faire autrement' étaient ceux qui en profitaient."
Désormais, il a diminué "de façon drastique" le recours au chimique. Il a remplacé les sempiternels maïs, blé et colza par une douzaine d’espèces végétales cultivées en alternance, réintroduit des engrais verts, fumier, paillage et couverts végétaux, qui apportent de l'azote et font vivre le sol.
Cette année, il va passer une centaine d'hectares en agriculture biologique. "Ce n'est pas un petit challenge, reconnaît-il. L'agriculture biologique est beaucoup plus technique." Il le fait par conviction. Et par intérêts.Il faut changer notre agriculture dans sa globalité. Il faut retrouver le bon sens paysan. Ce n’est pas rétrograde. Au contraire, c’est l’avenir.
"Les produits les plus dangereux ont été retirés, mais ceux qui restent entre les mains des agriculteurs sont bien trop nombreux. Il faut une politique d'élimination très rapide", lance-t-il, pointant les carences du plan Ecophyto.
En 2014, il a été décoré de la Légion d’honneur, à sa "grande surprise". "J’ai mis longtemps à savoir si j’allais l’accepter, assure-t-il. Je l’ai acceptée au nom de mon combat et de mon association. Et aussi pour dire aux politiques : 'Vous me l’avez donnée, alors maintenant, vous allez m’écouter.'"
Voir aussi : Agriculture, Pesticide
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