mercredi 20 novembre 2019

Nichoir pour abeilles à miel sauvages (abeilles mellifères)

Cet article s'adresse au grand public, aux agriculteurs bio et aux apiculteurs amateurs

Vous voulez sauvegarder les abeilles à miel sauvages ? Voici comment leur offrir un nichoir même si vous ne connaissez rien en apiculture - pas besoin de cours ni de connaissance particulière, vous n'avez qu'à les regarder vivre !

Pourquoi un nichoir à abeilles mellifères ?

Les abeilles mellifères (Apis Mellifera, aussi appelées "abeilles domestiques") ne trouvent plus de troncs creux où s'installer. Ainsi de nombreux essaims provenant de ruches ou de cheminées ne trouvent plus d'habitat et meurent de froid l'hiver venu.

Vous pouvez facilement leur construire un nichoir, une sorte de ruche sans cadre, constituée simplement d'une caisse en bois et d'un trou. Avec un peu de chance un essaim s'y implantera spontanément et produira à son tour de nouveaux essaims chaque année.

Vous aurez le plaisir de les observer et de favoriser la multiplication des gènes résistants (voir le paragraphe à ce propos plus bas).

De plus les abeilles polliniseront vos arbres fruitier et votre potager ce qui augmentera votre production sans le moindre effort de votre part.

Pour fabriquer le nichoir

Le nichoir doit ressembler aux habitats naturels des abeilles mellifères : volume de 30 à 45 litres, isolé des courants d'air, avec un trou de 3,5 à 7 cm de diamètre.

Faire une caisse en bois d'une forme quelconque et d'un volume de 30 à 45 litres. Pour une meilleur isolation l'épaisseur des parois devrait être au moins de 2,5 cm. Idéalement vous pouvez aussi creuser un morceau de tronc d'arbre... A noter :
  • Pour que la colonie risque moins de mourir de froid il est préférable que le nichoir soit plus haut que large, ainsi les abeilles trouveront plus facilement leur réserve de miel qu'elles auront stocké pour l'hiver dans la partie haute du nichoir.
  • Prévoir éventuellement un couvercle additionnel un peu plus large en bois, carrelage ou plastique pour recouvrir le nichoir et le protéger de la pluie. Fixer ce couvercle fortement pour éviter qu'il s'envole avec le vent.
  • Veillez à ce qu'il n'y ait pas d’autre passage d’air ou de lumière que le trou pour que les abeilles se sentent en sécurité et à l’abri, et donc augmenter les chances qu'elles s'y implantent.
Percer un trou de 3,5 à 7 cm de diamètre avec une perceuse équipée d'une mèche à bois ou d'une scie cloche. Ce trou peut être situé dans le tiers inférieur de la caisse.

Exemple de nichoir

Voici un nichoir fabriqué en planches de Douglas de 120 * 20 cm et 2,7 cm d'épaisseur :


Pose du nichoir et sécurité

Fixer très solidement le nichoir à 3 ou 4 mètres de haut environ contre un tronc d'arbre, un mur, une cheminée, un poteau...

ATTENTION : le nichoir peut peser 10 à 20 kg à vide, auquel les abeilles ajouteront jusqu'à 30 kg de cire, miel, pollen, propolis et butineuses ! Et ce nichoir devra aussi résister aux vents forts des orages. Donc ne pas sous-estimer les fixations !

La hauteur du nichoir permet aux personnes de ne jamais de trouver dans la piste d'envol des abeilles. Il est toutefois conseillé de choisir un emplacement à l'écart des activités humaines.

Orientez le trou d'envol vers le sud ou l'est (pour réchauffer la colonie dès le matin), sauf si ce côté se trouve en bordure de voisinage. La loi demande d'isoler les ruches par une haie ou un mur de 2m de haut et 2m de part et d'autre de la ruche (ce qui n'a pas grand sens si le nichoir est à 3m de haut), ou bien de respecter une distance de 20 mètres des habitations et routes, ou de 10 mètres des champs/forêts.

En principe les assurances habitation incluent la possession de quelques ruches, pensez à leur demander confirmation.

Pour attirer un essaim

Les essaims cherchent un emplacement en général entre mi-avril et fin-juin.

Un trou sombre au milieu d'une zone uniforme est susceptible de les attirer (si vous peignez le nichoir évitez de le barioler).

Pour attirer plus sûrement un essaim dès la 1ère année, il est conseillé de frotter l'intérieur (pas l'extérieur car ce ne serait pas naturel) de la caisse avec un mélange de cire et propolis, éventuellement de miel. Demander aux apiculteurs amateurs de votre entourage s'ils peuvent vous fournir un peu de ces produits ou les acheter en jardineries ou sur internet.

A noter qu'une façon encore plus rapide de peupler votre nichoir pour un apiculteur amateur est de récupérer un essaim naturel (voir les nombreuses vidéo internet) et de le présenter à proximité du trou : vous serez surpris de voir les abeilles y rentrer en rang serré !

Comme chacun le sait la survie des colonies d'abeilles à miel n'est pas garanti. Même si votre colonie ne vit que quelques mois cela est très positif car elle aura eu le temps de fabriquer des rayons de cire et de tapisser les parois de propolis, ce qui attirera probablement un nouvel essaim au printemps suivant. Ce nouvel essaim bénéficiant de rayons déjà partiellement bâtis il aura plus de chances de survivre et de produire à son tour de nouveaux essaims (dans ce cas appelez un apiculteur pour qu'il le récupère).

Sélection naturelle des gènes résistants

En offrant aux essaims la possibilité de vivre totalement naturellement, sans intervention d'apiculteur (élevage de reine, essaim artificiel, rayons de cire imposés, nourrissage au sucre, ouverture de ruche, traitement contre le parasite varroa, destruction des cellules royales et de mâles, prélèvement de miel, etc...), vous laissez la nature opérer les sélections naturelles nécessaires :
  • Si la colonie est capable de survivre malgré la rareté des fleurs, les pesticides, les nouveaux parasites et maladies, elle produira de nouveaux essaims au printemps suivant et multipliera ainsi ses gènes résistants. 
  • Si la colonie meurt dans l'année c'est tout aussi positif ! En effet, cela peut indiquer que ses gènes ne sont pas suffisamment adaptés à l'environnement, ou que les colonies sont déjà en surnombre dans les environs ce qui empiète sur les autres espèces d'abeilles ou d'insectes.
Ces nichoirs constituent ainsi des "ruches de conservation" du patrimoine génétique d'abeilles adaptées aux conditions locales (abeilles noires...).

Compléments destinés aux apiculteurs

Les abeilles préfèrent être installées contre un feuillu pour avoir de l’ombre en plein été.

Le fait que les colonies soient isolées (et non regroupées comme les séries de ruches) réduit la dérive des butineuses et la transmission des maladies/parasites.

Colonie issue d'un essaim tardif : peu de chance de survie mais a l'avantage de préparer un nouveau piège ou espace de vie ultérieur favorable : odeur pour attirer un essaim, rayons de cire commencés.

Les petites cavités augmentent la fréquence d’essaimage. Avantage : l'absence de couvain operculé pendant trois semaines réduit la multiplication des varroas. Mais la grappe d'abeilles étant plus petite, il faut que le nichoir soit mieux isolé et pas trop large pour accéder plus sûrement au miel en hivers, autrement dit pour éviter que des réserves de miel soient inatteignables sur les côtés. De plus cette étroitesse réduit la perte de chaleur par convection autour de la grappe d'abeilles.
A noter que la majorité des colonies vivant dans les cheminées ou murs creux sont parfaitement capables de gérer les varroas ; il devrait en être de même dans ce nichoir.

L'essaimage (qui n'est pas un mal) est systématique dans les ruches de 21 litres, à 60 % dans celle de 42 litres, et très rare si 84 litres. Dans ce dernier cas les Reines sont remplacées par supercédure.

Le volume minimum d'un habitat est de 20 litres en climat doux et 30 litres en climat plus froid.

Le trou de vol préféré va de 10 à 40 cm2 (soit 3,5 à 7cm de diamètre).

Le Douglas est un bois très résistant sans aucun traitement, ce qui en fait un nichoir quasi imputrescible.

Percer le trou d'une façon légèrement inclinée pour éviter que la pluie ne coule vers l'intérieur.

L'absence de piste d’envol rend la prédation plus difficile.

Avantage des ruches ou nichoirs ni traités ni nourris, et peuplés par des essaims naturels : il n’y aura pas plus de colonies par kilomètre carré que l’environnement peut en accueillir. D'après une étude la surpopulation d’abeilles domestiques les oblige à rechercher leurs sucres dans les ordures ou dans les pâtisseries des magasins et particuliers !

Il est normal que la colonie meurt après quelques années, puis que les vielles cires noircies soient mangées par la fausse teigne ou d'autres insectes, ce qui "nettoie" le nichoir avant d'attirer un nouvel essaim.

Eventuellement accepter que le nichoir soit habité alternativement par des oiseaux ou autres animaux selon un cycle naturel. Pour empêcher les frelons, oiseaux et souris de rentrer : ajoutez une grille d’entrée ou des barres en travers du trou une fois la colonie installée.

Visiter les nichoirs, avec des jumelles, à un moment où les abeilles ont une activité de butinage donc à plus de 16°. La rentrée de pollen est la meilleure preuve d’activité de la colonie (pour les autres indices voir page 282 du livre « Abeilles mellifères à l'état sauvage » de Vincent Albouy. Effectuer trois visites :

  • En fin d’hiver avant l’essaimage pour vérifier la survie après l’hiver, ou expulser les animaux indésirables.
  • Après la saison d’essaimage pour vérifier l’installation d’un essaim.
  • Juste avant l’hivernage pour vérifier la survie après la prédation des frelons asiatiques.

Liens


Source 

Cette démarche et cet article sont en grande partie inspirés par le livre « Abeilles mellifères à l'état sauvage » deVincent Albouy (à la FNAC).

Voir aussi

Fabriquer un piège à essaim en carton

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